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Lessentiel ONLINE, Luxembourg, 28 juin 2011 |
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Ces moqueries qui obsèdent |
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Les personnes qui pâtissent du rire des autres souffrent de gélotophobie. Des études suisses veulent mieux comprendre ce phénomène.
de Sandra Imsand
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Dès quil entend un rire, Paul se crispe. Il est persuadé que ces rires sont moqueurs et quils sont dirigés contre lui. Paul souffre de gélotophobie. Pour lui, toutes les sortes de rires sont perçus négativement, ce qui peut provoquer une gêne dans la vie quotidienne. Un banal restaurant peut ainsi se transformer en enfer. «Il suffit quun groupe éclate de rire dans le lieu et le gélotophobe le prend personnellement, explique le Dr René Proyer. Ce chercheur à lInstitut de psychologie de Zurich (Suisse) se rappelle dun cas où le gélotophobe a confronté ces personnes en leur demandant pourquoi elles se moquaient de lui. Un comportement qui peut paraître bizarre et créer un malaise.
Le psychothérapeute allemand, Michael Titze, a été le premier à nommer ce trouble, en 1995. Mais ce sont les Suisses qui font figure de pionniers dans létude du phénomène. À lUniversité de Zurich, une équipe travaille sur la gélotophobie depuis 2008. LUniversité de Lausanne (Suisse) sest récemment associée à ces recherches. «Il sagit dun champ détude récent et relativement peu exploré, qui permet denquêter dans plusieurs directions», explique Gregory Zecca, doctorant. Pour le Professeur Giannakopoulos, chef du département santé mentale et psychiatrie aux hôpitaux universitaires de Genève, le fait davoir mis un terme scientifique sur cette pathologie na pas que des avantages. «Cela peut créer une nouvelle stigmatisation. Des personnes peuvent être mises de côté, avec une étiquette».
Aussi des accros au rire des autres
Létude de la gélotophobie nen étant encore quà ses balbutiements, il va falloir patienter avant de pouvoir expliquer les origines de ce trouble et trouver un traitement. «Une femme ma appelé des États-Unis pour me dire quelle sauterait dans le premier avion pour la Suisse dès quon trouverait un moyen de la guérir», sourit le Dr Proyer.
La moquerie nest pas forcément source dangoisse. Des personnes cherchent même à la provoquer. Un concept lié à la notion de rire en société a été découvert, en marge de la gélotophobie: la «gélotophilie». Le «clown de classe» ou les personnes qui postent des vidéos embarrassantes delles-mêmes sur YouTube en font partie. Elles adorent quon se moque delles. Autre catégorie qui émerge des recherches: les «katagelasticistes», qui aiment rire des autres le plus souvent sans avoir conscience de leffet négatif de leurs moqueries. Ces découvertes ouvrent de nouveaux champs détudes sur la façon dont le rire est perçu par les individus. |
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